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Libération

Fronde de kiosquiers contre une revue scientologue

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publié le 4 décembre 2000 à 7h29

Il prétend être «le magazine de la spiritualité moderne». Et s'appelle L'Esprit libre. Mais il n'a franchement rien à voir avec feu L'Esprit libre (décidément ce titre inspire!), revue toute à la gloire du libéralisme lancée par Guy Sorman en 1994 et enterrée deux ans plus tard. Non, le nouvel Esprit libre, mis en vente fin novembre, brasse, lui, de l'«immortalité de l'âme», rend hommage aux «grands chefs spirituels du passé»: Siddharta Gautama, Lao-Tseu, Moïse, Jésus-Christ, Mahomet, etc. Et n'est autre qu'un concentré de scientologie. Clairement revendiqué, puisque ce trimestriel a fait son apparition dans les kiosques accompagné d'un livre intitulé «Scientologie, les fondements de la vie» et rédigé par le pape du genre: Ron Hubbard. Un danger public? C'est bien ce qu'ont d'emblée pensé certains kiosquiers, furieux de devoir glisser la chose dans leurs linéaires. Comme Jean-Pierre, marchand de journaux à Paris: «Alors que les politiques et les médias se battent contre les sectes, nous sommes obligés, sous couvert de liberté de la presse, de le mettre en vente. C'est insensé.» Mais vrai.

Interdit d'interdire. Depuis 1947 (et la loi du rapporteur Robert Bichet), il est en résumé interdit d'interdire, la liberté d'impression s'accompagnant d'une totale liberté de distribution. «Nous n'avons absolument pas à juger du contenu. A partir du moment où un titre répond à la définition de ce qu'est un produit de presse, avec notamment une périodicité définie, et à partir du moment où