Ce n'est pas marrant, la corruption, présumée ou pas. Comment la télé peut-elle bien faire, pour nous en parler ? Ça ne se filme pas, la corruption. Ça n'a pas de chair, c'est sous la table que ça se passe et, sous la table, les caméras n'y vont pas, à moins de verser dans un registre proscrit à 20 h, la pornographie. Samedi, c'était criant. Depuis quelques heures, la France avait comme qui dirait François Bayrou basculé dans une «crise politique et morale profonde». C'est Jean-Louis Borloo qui avait le mot le plus juste à propos de toutes ces affaires de marchés truqués, de Michel Roussin en détention provisoire, de Chirac en sursis sans doute, il évoqua «l'Italie d'il y a une dizaine d'années», le bas du bas absolu en somme. Aussi, faute de pouvoir nous montrer l'impalpable (et pourtant quand même bien palpé par quelques-uns), les télés nous avaient rapporté des images d'appoint de ce samedi noir comme l'argent. A chaque fois, les mêmes instantanés. Les fenêtres des juges, dans la nuit, mais entrouvertes, comme une promesse possible d'air frais prochain.
Les avocats, qui ne défendent pas que des innocents, comme chacun sait, et qui le font parfois très bien. Les escortes policières, sirènes, motos, sifflets, et tout le tragique nécessaire. Et puis, bien sûr, les caméras avaient capté ce sourire. Cet incroyable sourire de Michel Roussin, en route vendredi soir pour la prison de la Santé, en une de Libération ce week-end et dans tous les JT. Pour TF1, le rictus est «énigmatiq