Que manque-t-il donc aux sitcoms françaises? Sur le papier, Mes pires potes (coproduit par Canal et Air Production, la société de Nagui) promettait d'accommoder les ingrédients qui ont fait le succès de ses grandes soeurs américaines. Un peu trop peut-être, jusqu'au titre à peine original. Quatre amis (autant dire quatre friends) un juif, un arabe, un néo-hippie et une fille puisqu'il en faut bien une cohabitent dans une grande maison de la banlieue parisienne, à défaut du même palier d'un immeuble new-yorkais. A partir de là, tout pourrait arriver et tout et son contraire arrive effectivement. Mais quoi? Défaut d'interprétation? Manque de rythme? La sauce a du mal à prendre. Même quand ils tentent de dépoussiérer le genre Marc et Sophie en divagant sur la déprime d'un poisson rouge ou le mystère des chaussettes qui disparaissent dans la machine à laver, les scénarios ne vont pas au bout de leur délire. Sauf à devenir carrément lourds. Comme on est sur Canal (et pas dans Hélène et les garçons), on parle de sexe, on roule des joints, mais cela ne suffit pas. Et les épisodes de 24 minutes paraissent interminables quand la moindre crétinerie américaine (même Roseanne) vous semble passer aussi vite qu'un clip. Ce qui manque aux sitcoms françaises, c'est l'orchestratrion au millimètre du grain de folie qui déclenche l'hilarité aussi sûrement qu'une substance illicite. Et peut-être aussi, cet exotisme qui fait qu'un gag à Manhattan sera toujours plus divertissant qu'une blague
Critique
Faux amis
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par Sophie HAZARD
publié le 9 décembre 2000 à 7h46
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