Menu
Libération
Critique

La Huitième Femme de Barbe-Bleue

Article réservé aux abonnés
Ciné Classics, 0h30.
publié le 15 décembre 2000 à 8h04

Un homme riche veut s'acheter un pyjama. Comme il ne met jamais que le haut, il refuse de payer le pantalon qui ne lui sert à rien (on devine pourquoi). On devine aussi, dès cette séquence d'ouverture de la Huitième Femme de Barbe-Bleue, pourquoi l'homme est si riche. «Impossible», répond le vendeur, même après que le patron du magasin eut avoué qu'il ne mettait lui aussi que le haut (on comprend pourquoi). Tout s'arrange avec l'arrivée d'une jeune femme charmante qui propose d'acheter le pantalon du pyjama. Entre ces deux-là, un jeu du chat et de la souris commence, ou si l'on préfère un jeu du désir attrapé par la queue. L'homme a été marié sept fois, la femme veut lui donner une leçon. Malgré la formule classiquement lubitschienne (vulgarité + sophistication), Gary Cooper et Claudette Colbert miment mal une histoire à laquelle ils ne croient pas un seul instant. Ils sont tellement mauvais qu'on en est gênés pour eux.

Lubitsch est-il un grand cinéaste ou un simple entrepreneur de spectacles qui sait encore mieux se vendre qu'il ne vend ses films? Au moment où la «Lubitsch touch» revient plus que jamais à la mode, un historien du cinéma à l'esprit frondeur, David Thompson, pose frontalement la question dans son Biographical Dictionary of Film, le seul ouvrage de référence à valoir le Dictionnaire du cinéma de Lourcelles (Robert Laffont). L'idée de Thompson, c'est que quelque chose ne tourne pas rond dans le système Lubitsch. Il ne sait pas quoi, alors il essaye plusieurs pis