Le symbolique, comme le militaire, est matutinal. Sur la chaîne du savoir, on sait cela, alors demain, calez vos réveils sur 8h30, histoire de ne pas louper, comme la semaine passée, l'expérience de la différence mise en scène. Après Ecoute-moi d'un autre oeil, voici Froissements de nuit, également réalisé par Stéphane Bertin, fiction théâtrale censée nous donner à entendre, voir, sentir l'autre vie que vivent en France plus de cinq millions de personnes handicapées. Trente minutes pour convaincre, cela peut paraître peu, l'histoire y va donc franco dans le symbolique. Prétexte simple: Aïda (Monica Companys) et Rocco (Bruno Netter) se retrouvent enfermés dans une piscine, leurs amis sont partis sans eux. Il est aveugle, elle est sourde, ils vont s'aider. A sortir de là d'abord. A vivre ensuite. Un grand mot, vivre. C'est précisément là que le spectateur tremble face au symbole plum-pudding. Fort heureusement, la personnalité de la comédienne parvient à faire glisser ce qui s'annonçait comme une démonstration vers un véritable fragment de discours amoureux, doux et amer, révolté et tendre. Entendons-la murmurer, des mains et des lèvres, qu'elle aimerait quand même faire l'amour avant de mourir. A quoi Rocco répond que, sans doute, faudra qu'ils se débrouillent là aussi tous les deux, parce que nous autres qui avons «tout ce qu'il faut là où il faut», ne sommes pas pressés de les séduire. En dépit d'une musique mièvre omniprésente, les mots de Dominique Paquet et Karin Serres
Critique
Le regard sourd
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par Sophie ROSTAIN
publié le 15 décembre 2000 à 8h04
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