Dans Citizen Kane, le héros est détruit par le style de vie publicitaire qu'il a lui-même inventé. Dans la Tragédie de Lurs, documentaire aussi inédit qu'inexistant du même Welles, le vieux Dominici aurait été conduit au meurtre par son attachement consubstantiel à sa terre. Orson Welles lui-même fut vaincu par le cinéma. La grandeur, chez Welles, ne peut avoir d'autre conclusion que la catastrophe. Quand, en 1955, la chaîne britannique ITV lui propose de réaliser une série documentaire répondant à la vaste appellation d'Around the World, le cinéaste, qui fut également journaliste de radio, y voit la possibilité d'exercer ses talents de conteur. Les modes de narration du reportage n'ont pas de secret pour lui, il les a hissés au rang de chef-d'oeuvre avec Citizen Kane, et de la télé, il pense qu'elle n'est qu'une grosse radio illustrée. Dans ce cadre, il s'intéresse au plus gros événement judiciaire français de l'après-guerre, l'affaire Dominici, et débarque à Lurs six mois après la condamnation à mort (commuée ultérieurement en détention perpétuelle) du patriarche. La méfiance du gouvernement français fut telle que Welles ne put terminer le film. Atterris dans les archives de Bois-d'Arcy, les rushes furent retrouvés et restaurés par Christophe Coignet, qui a procédé à un montage le plus respectueux possible du travail et des consignes laissées par Welles. Il a ajouté un prologue recueillant les témoignages du journaliste de France-Soir, Jacques Chapus, qui a collaboré au fi
Critique
Welles et ses contes de faits
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par Isabelle POTEL
publié le 18 décembre 2000 à 8h11
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