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Libération

Errances

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publié le 21 décembre 2000 à 8h21

C'est l'heure où les images se perdent, où les talk-shows jacassent, et qu'il n'y a rien d'autre que le rien. C'est l'heure de la télé couette, douillette et banale. L'heure trop tardive pour faire autre chose, le moment où l'on se délasse bêtement, parce qu'il faut bien que l'esprit se vide, aussi, parfois. C'est l'heure où la grille des programmes, là, sur la page de droite, s'arrête, comme si, après minuit, c'est tant pis pour soi si on est encore devant la télé. Et voilà qu'on fait un dernier tour de piste ­ mais est-ce vraiment le dernier? Sur la 3, une inconnue parle, Josette Bruyère. Pourquoi s'arrête-t-on sur elle? Parce que la journaliste Christel Chabert la filme lentement? Qu'on dirait de la télé d'antan, avec un générique bricolé, limite pourri? Parce que les cadrages sont différents de l'ordinaire ­ plus larges, plus longs, plus vrais? Ou tout bonnement parce que le reportage s'intitule la Menteuse, et qu'à l'heure qu'il est, celle où l'on est forcément seul, c'est le moment de faire le point sur nos propres arrangements avec la vie. Josette Bruyère, donc, nous raconte sa vie. Lieutenant du GIGN, un jour de 1997, elle décroche le gros lot du Loto, 21 millions. Elle va voir son banquier: «Il suait, il transpirait, il calculait ce que j'allais pouvoir dépenser par jour.» L'argent coulait à flots, enfin. Dans son village de la Drôme, Josette était «la reine», «toutes les portes s'ouvraient». La clé, c'étaient ces «bristols du banquier», sésames magnifiques pour le