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Libération
Critique

Le chaînon nécessaire

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Le Sens de l'histoire, «le Siècle de Vernant», documentaire d'Olivier Barrot et Francis Girod, la 5e, dimanche, 16 h 35.
publié le 23 décembre 2000 à 8h28

Ce soir, c'est Noël, pas une raison de se laisser glisser dans la bêtise truffée. Ou alors, un petit tour préalable du côté des têtes bien faites du siècle. Jean-Pierre Vernant est ce qu'il est convenu d'appeler un grand bonhomme. Philosophe, compagnon de la Libération, ex-communiste et l'un des premiers à avoir jeté sur la Grèce antique un regard moderne. Le voici qui évoque son siècle face à Olivier Barrot, élève sage et appliqué. Mort de son père, de sa mère, enfance à l'ombre rassurante de son frère qui le précède à la première place de l'agrégation de philosophie. Guerre de 40, défaite. Souvenir du discours de Pétain, son don de sa personne à la France: «Je crois bien... comme un certain nombre de Français, que j'ai été submergé par la honte. Je crois bien que je pleurais comme un veau [...] parce que c'était ce que j'appelle ma France [...], les copains, les chansons, les auberges de jeunesse [...], qui s'écroulait.» Quatre années de Résistance, à vivre traqué. Dans les années d'après-guerre, celui qui est encore communiste se double d'un anticolonialiste ardent. Le siècle défile. C'est assez beau, heureusement sobre, drôle parfois, comme l'évocation de cette réunion de cellule en 1970, où un ex-camarade parlait de l'exclure, alors même qu'il a quitté le parti depuis un an. Réplique dialecticienne parfaite: «C'est pas parce que tu es parti qu'on ne peut pas t'exclure.» Et voici que le bonhomme évoque la Grèce, sa découverte. C'est elle, la vraie séduction, qui allume u