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Libération
Critique

Le Criminel

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Cinéclassics, 20 h 30.
publié le 28 décembre 2000 à 8h36

Après Citizen Kane et La Splendeur des Amberson, Orson Welles tentait de prouver à Hollywood qu'il pouvait être un réalisateur normal, c'est-à-dire commercial, avec un thriller vite fait bien fait. Le Criminel (1946) est effectivement un Welles mineur mais c'est avant tout un Welles, avec l'un de ces héros négatifs-sympathiques et baroques comme on n'en fait plus. Un criminel nazi s'est réfugié dans une petite ville du Connecticut où il se fait passer pour un honorable professeur d'histoire. Comme dans L'Ombre d'un doute, d'Hitchcock, un monstre est introduit en catimini dans une paisible famille US et dans le coeur d'une femme charmante. Le jour de son mariage, Charles Rankin, de son vrai nom Franz Kindler, est visité par son terrifiant passé qui se pointe sous la forme étrangement expressionniste d'un type anguleux au regard fou, un second couteau nazi de ses connaissances. Au milieu d'un bois inoffensif où s'égaient des étudiants aux visages poupins, Welles orchestre ainsi esthétiquement le croisement improbable et sidérant entre les démons calcinés de la vieille Europe et l'Amérique jeune et innocente. Rankin tue son pote et l'enterre sur place. Mais le meurtre de masse et l'assassinat individuel ne requièrent pas les mêmes compétences et Rankin devient vite le suspect numéro un de l'enquêteur Wilson (Edward G. Robinson), par l'odeur du mal alléché. Contre toute logique, le criminel, au lieu de prendre la fuite, s'entête. Comme le scorpion de la fable, au prix de sa prop