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Libération
Critique

Pour notre plus grand «Profit»

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L'intégrale de «Profit» en VO, suivie du documentaire «Spécial Profit». Canal Jimmy, de 21 heures à 4 heures.
publié le 28 décembre 2000 à 8h36

Profit, c'est un peu le Woody Allen de la série télé: quasi inconnue aux Etats-Unis, adulée en France. Canal Jimmy rediffuse d'une traite les neuf épisodes de cette série américaine vraiment hors norme qui, en 1996, donnait un visage à l'horreur économique. Jim Profit (génialement incarné par Adrian Pasdar) est la quintessence du parfait yuppie: extérieurement aussi lisse que les façades de verre de La Défense, cette pub vivante pour un after-shave fait rimer «winner» avec «killer». Ce «psychopathe jovial» (c'est ainsi que le définissent ses créateurs, John Mc Namara et David Greenwalt) passe son temps à gravir les échelons de sa multinationale financière. Pour cela, tous les coups tordus sont bons: mensonges, chantages, manipulation mentale et/ou sexuelle, meurtre. Il y avait là suffisamment d'ingrédients pour concocter un bon thriller financier. Mais les auteurs de Profit ont eu la riche idée de montrer l'envers du décor. Le soir, Jim Profit se réfugie dans sa tanière high tech où il pratique le néo-libéralisme assisté par ordinateur: sur l'écran de son PC s'affichent les visages virtuels de ses collègues-victimes qu'il extermine les uns après les autres. Puis, Jim va se coucher, nu, dans un carton percé d'une lucarne. On apprendra assez vite que cette terreur en col blanc a été élevée comme un animal par son fermier de père, prisonnier d'un carton placé face à un poste de télévision. La conclusion implicite de la série est implacable: enfant de la télé et du néo-libéralis