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Libération
Critique

ça, c'est vraiment Claire Denis

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«ça, c'est vraiment toi», Arte, 0 h 25.
publié le 3 janvier 2001 à 21h22

«J'ai failli ne pas te reconnaître...» Et pour cause. Antoine n'est plus le même. C'est le même personnage, mais l'acteur qui le joue a changé. Après Pascale Ferran, Cédric Kahn ou Nicolas Philibert, Claire Denis a dû répondre au cahier des charges de la collection «Génération TNS»: diriger tous les étudiants de l'Ecole supérieure d'art dramatique du théâtre national de Strasbourg. Pour réaliser Ça, c'est vraiment toi, elle a donc décidé de faire interpréter le rôle d'Antoine par six comédiens, parfois au cours de la même scène. Idem pour Cléo, incarnée par cinq jeunes actrices. Et Claire Denis prend au pied de la lettre les expressions communes: «Tu m'as bien regardée? Je ne suis plus la même.» «Tu aimais mieux celle que j'étais il y a deux ans? Ou hier?»

Antoine sort de Sciences-Po et veut devenir attaché parlementaire à Strasbourg. Cléo monte un magazine sur l'identité européenne pour la télévision. Ils se retrouvent donc tous deux à Strasbourg. Si les personnages ont plusieurs visages, c'est encore plus vrai du film. Il y a le chassé-croisé amoureux, assez ennuyeux, de Cléo et d'Antoine. Et la partie documentaire, beaucoup plus riche et originale, sur le Parlement de Strasbourg, ses votes à la chaîne, ses interprètes et ses coiffeurs... Contrairement aux personnages de la fiction, les hommes et les femmes politiques, eux, ne changent pas. Les diatribes sur l'intervention au Kosovo, ça, c'est vraiment Daniel Cohn-Bendit. Marie-Noëlle Lienemann sait exactement où se situer: