Audrey Hepburn est somptueuse, comme d'habitude. Cary Grant commence à frôler la date limite de consommation. Stanley Donen emmène son monde à mi-chemin entre Alfred Hitchcock et Billy Wilder du moins essaie-t-il. Et mon tout est Charade, thriller comique de 1963 aux dialogues pétillants et aux ambitions limitées. Sans doute n'aurait-on pas été particulièrement enthousiasmé par ce film à l'époque de sa sortie. C'était un genre de cinéma, brillant mais classique, qui commençait à ronronner. Des choses autrement plus électrisantes se faisaient alors en Europe (le Désert rouge d'Antonioni, pour n'en citer qu'un). Mais bon, Donen n'est pas nécessairement l'aune à laquelle il faut mesurer l'originalité du cinéma américain du début des années 60.
Ceci étant posé, voir Charade aujourd'hui est une expérience très stimulante. Le générique est furieusement sixties et les premières scènes, tournées à Megève, d'une kitscherie absolue. C'est une succession de plans, jouant sur toute la profondeur de champ, qui rendent un vibrant hommage au Technicolor : joli minois de Hepburn en premier plan puis, par ordre d'apparition horizontale, de beaux parasols jaunes qui claquent dans la lumière, des skieurs en fuseau moulant qui passent, des montagnes qui poudroient. La suite se déroule à Paris, et les horizons se raccourcissent hélas. Mais Donen parvient à faire de fort jolies choses avec le Carré Marigny, les couloirs du métro ou encore les quais de Notre-Dame. Audrey est belle comme un coeur,