«La prison est un monde hermétique : celui qui dit savoir ce qui s'y passe est un naïf ou un menteur.» Le témoignage de l'avocat pénaliste Michel Konitz, recueilli par Jacques Cotta et Pascal Martin, relativise le travail d'immersion des deux journalistes dans la prison de Fleury-Mérogis. Si l'administration pénitentiaire semble avoir ouvert plus grand que d'habitude les portes du plus grand centre carcéral d'Europe (la publication du livre choc de Véronique Vasseur sur la prison de la Santé n'est sans doute pas étrangère à cette relative transparence), Cotta et Martin n'ont évidemment pas pu tout filmer on voit notamment les surveillants, souvent gênés par la présence de la caméra, les empêcher de les suivre («raisons de sécurité») lors d'une intervention que l'on devine musclée. Reste que leur long reportage, qui donne autant la parole aux détenus qu'à leurs gardiens, permet de mieux comprendre pourquoi Fleury, considéré comme prison modèle lors de son inauguration en 1968, est aujourd'hui un monstre quasi ingérable. On devine la détresse psychologique de nombreux détenus, les trafics de médicaments lors de la promenade ; on entend quasiment en permanence les hurlements de haine et/ou de désespoir ; on voit de près la réalité du mitard, cette cellule d'isolement où le prisonnier puni reçoit sa gamelle à quelques centimètres de latrines souvent bouchées («la moins pire des mauvaises solutions», explique, penaud, l'un des cadres de Fleury). Et on se rappelle la phrase terr
Critique
La prison au quotidien
Article réservé aux abonnés
par Samuel DOUHAIRE
publié le 6 janvier 2001 à 21h33
Dans la même rubrique