Dans son Hommage à Ingrid Bergman, Arte a proposé deux films de Gustav Molander, figure marquante de l'âge d'or du cinéma suédois des années 30, ainsi que cette Nuit de la Saint-Jean inédite, film en noir et blanc de Gustaf Edgren, qui a surtout le mérite de servir d'écrin aux rondeurs encore enfantines de l'actrice. En 1935, Ingrid Bergman n'a pas perdu ses joues d'adolescente ni une légère moue dubitative à l'orée de la lèvre inférieure. Elle est excessivement belle et donne à son personnage une épaisseur qu'il n'avait sans doute pas dans le scénario. Il s'agit en effet d'une jeune fille sage amoureuse de son patron qui ne pèse pas beaucoup sur les rebondissements du film, lesquels agitent surtout son père et son amant. Le premier est un type bien, bon père et grand-père de famille, qui travaille dans un journal. Le second est un type bien, mais sa femme lui fait de graves ennuis au moment de leur séparation. Le premier donnera-t-il sa fille au second? Ce suspense torride n'occupe qu'une partie du film, qui a surtout l'ambition de traiter des questions de natalité et, en sous-main, d'émancipation féminine. C'est l'un des rares films de l'époque à s'intéresser ouvertement à l'avortement. Sa position est très réactionnaire, ainsi que sa manière manichéenne d'opposer les deux personnages féminins: l'une, vendue comme un prototype d'épouse parfaite, est pure et douce; l'autre, qui refuse d'avoir un enfant au nom de sa liberté, est égoïste et passablement stupide. Amen. Mais on
Critique
La Nuit de la Saint-Jean
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par Isabelle POTEL
publié le 8 janvier 2001 à 21h23
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