Le cinéma est un souvenir, quelque chose qui appartient au siècle passé. Pas le siècle médiocre qui vient de fermer sur la pointe des pieds, plutôt un siècle hybride et joyeux, entre XIXe finissant et XXe un peu plus rock, un peu plus world, juste avant la conquête du monde par le dalaï lama et les crétins new age qui lui tiennent lieu de bande son. Il y a quelques années encore, quand le temps pressait, un drôle de rabbin extatique décidait de convaincre les goys que le Christ était le roi de l'image de synthèse, celle qui fait revenir les vivants, là, au beau milieu de l'écran. Saint Paul aimerait Audrey Hepburn, il ne se lasserait pas de John Ford et de Howard Hawks. Comme le temps presse, on ne quittera pas Cinétoile de la semaine, histoire de s'étourdir des sourires définitivement extatiques d'Audrey Hepburn (Diamants sur canapé) et de quelques-uns des meilleurs films de Ford et de Hawks (L'homme qui tua Liberty Valance, la Poursuite infernale, Allez coucher ailleurs, Rio Bravo).
Le temps presse dans Allez coucher ailleurs. C'est l'histoire d'un homme, Cary Grant, qui crève d'envie de tirer un coup avec sa femme et qui n'y arrive pas. Paul ne s'y retrouverait pas. Ann Sheridan, celle pour laquelle Cary Grant bande comme un cheval, savait pourtant y faire. Elle avait séduit Errol Flynn et Gary Cooper quelques mois plus tôt, en 1948, sous l'oeil émoustillé de Raoul Walsh et de Leo McCarey (la Rivière d'argent, Good Sam). Blonde et grassouillette, elle savait allumer son ho