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Libération
Critique

My Darling Clementine

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Cinétoile, 23 h 55.
publié le 17 janvier 2001 à 21h53

Cinétoile, 23 h 55. Le temps presse. A chacun de faire avec, n¹est-ce pas? Pour John Ford, cinéaste de la lenteur éblouie, la fin n¹arrête pas de se faire attendre. Se dépêcher, attendre. Le vieil homme n¹a pas 50 ans quand il tourne My Darling Clementine en 1946, à peine débarrassé de sa casquette d¹amiral. Mélancolie, noirceur, irréalisme poétique, le XIXe siècle fait irruption, tout en vignettes, avec quelques feutres de cow- boys dans les rôles principaux. Le vieil homme attend la mort. Pour être moins seul, il lui donne un beau visage, celui d¹un cow-boy légendaire, Doc Hollyday. Doc Hollyday se dépêche lentement, il attend. Alors, ça vient? Victor Mature, qui joue le Doc, a une façon pesante de s¹installer dans son personnage, plus lourdement encore que ne le ferait Robert Mitchum. Il sait qu¹il va mourir. Ça vient, ça vient. Il crache, il tousse, il meurt. L¹amour s¹éclipse sur la pointe des pieds, l¹appel de la tombe se fait pressant.

Il faut se dépêcher. Doc joue au pistolero avec Wyatt Earp (Henry Fonda) du côté de Dodge City. Une manière d¹élégance suicidaire, de courage inutile, de lâcheté définitive. Une seule fois, une seule, le cinéma américain s¹est laissé aller

à filmer plus lentement encore la mort au travail. C¹était un film d¹Edward Ludwig, Gun Hawk. Là, devant nous, Rory Calhoun se dépêchait de mourir en direct. Il se décomposait sur l¹écran, il pourrissait à vue d¹¦il. On était en 1963, l¹année du dernier Walsh (Distant Trumpet), à quelques mois de distan