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Libération
Interview

«Des populations traitées comme du décor»

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publié le 19 janvier 2001 à 21h59

Franck Desplanques, 37 ans, est réalisateur de documentaires. Il a travaillé en tant que logisticien pour l'émission de Stéphane Peyron Dans la nature (Canal +). Il y a trois ans, il a passé plusieurs mois chez les Papous. Il était assisté de Thierry Robinet, qui a préparé le Ushuaïa Nature sur l'Irian Jaya. Il milite pour un «documentaire de l'humain».

En voyant le documentaire de Nicolas Hulot, avez-vous le sentiment que des scènes ont été recréées ou truquées?

Jusqu'où fait-on de la reconstitution? Avant, un documentaire, ça consistait à aller sur le terrain et à montrer ce qu'on avait vu. Aujourd'hui, c'est plus compliqué. Dans l'émission de Hulot, tout est à peu près en place, mais il y a un peu de reconstitution: les gens sont habillés dans des vêtements d'apparat, alors que, sur place, ils ne sont jamais comme ça. Les premières scènes dans le village asmat, par exemple: en temps normal, ils sont tous en T-shirt, short et baskets, alors qu'on les voit là dans des pagnes tout neufs avec de belles coiffes. C'est du cinéma, mais pourquoi pas? Si la réalité a été un peu modifiée, ce n'est pas pour autant du mensonge.

Mais il y a tout de même mensonge, puisque Hulot nous présente les Asmat comme étant toujours comme ça...

C'est plutôt un aménagement. Le documentaire de Hulot est un documentaire aménagé où la partie asmat est mise en scène. Hormis cette scène, tout est rigoureusement juste. Le débat ne se situe pas là. Je suis plus choqué par le fait que les personnes filmées so