«Je leur ai toujours dit, à mes gars: "Un sondage peut en cacher un autre."» Philippe Labro en a vu d'autres, en vingt-cinq ans de maison. Aujourd'hui, depuis son bureau de conseiller, il a la distance qui lui permet de compter calmement les points du dernier sondage, pourtant brutal pour RTL (Libération du 15 janvier). Près de 2 millions d'auditeurs perdus le séparent de ce mois de juin où il aurait dû prendre les rênes de RTL, en remplacement de Jacques Rigaud parti en retraite. Tout le bel échafaudage monté depuis 1933, qui a vu se succéder la Famille Duraton, Max Meynier et ses Routiers sympas, Ménie Grégoire, Fabrice, la Valise, ou les Grosses Têtes de Bouvard, est ébranlé. Deux directeurs se succèdent en six mois. La station subit la plus grave crise d'audience de son histoire, les actionnaires s'alarment, les publicitaires sont sur les dents. Accident industriel? Ou plutôt tournant dans l'histoire du média radio?
La mercière de Charleville
Sous le fronton cinétique réalisé par Vasarely dans les années 60, au 22 de la rue Bayard, non loin des Champs-Elysées, ils sont encore là, en ce mois de décembre, à faire la queue pour les dernières Grosses Têtes. Par ce froid glacial, le système de chauffage installé pour eux en façade fonctionne à fond. Tout RTL est là, dans ces orgueilleux cercles concentriques, symboles de mouvement et de modernité, surmontant la foule qui se presse depuis vingt ans pour une bonne partie de rigolade franchouillarde. «Une radio proche des gens», c