Cet enfilage d'interviews sans prétention sur la genèse du Scarface (diffusé juste avant, à 23 h 25) de Brian De Palma rappelle qu'avant de devenir un classique, le film affronta la censure et une réputation de violence inacceptable. Le producteur Martin Bregman rêvait de faire un remake du Scarface d'Howard Hawks, avec Paul Muni, mais il fallait trouver de nouvelles clés au film de gangster. Au scénario, Oliver Stone proposa d'«explorer le monde de la cocaïne». Lui-même essayait de décrocher: «je me suis installé à Paris et je me suis vengé d'elle (la drogue, ndrl) en écrivant le film». Al Pacino se passionne pour le projet. Il s'agit de l'ascension fulgurante et la chute d'un petit immigré pris au piège du rêve américain. La bonne idée de De Palma consiste à éviter les clichés du film noir pour immerger ses gangsters dans le mensonge publicitaire d'un Miami de rêve. Des années après, la scène dite de la «tronçonneuse» ou de la «douche» demeure le noyau dur du film. De Palma: «Rien n'est montré, tout est suggéré.» Il admet quand même avoir cherché un «degré de violence inédit». La force de la séquence tient à sa mise en scène. Tandis que les pires atrocités se préparent dans une chambre d'hôtel, le soleil brille à l'extérieur, et les complices de Pacino, censés lui porter secours, se laissent aller à la douceur des filles et des palmiers. Dans leur décapotable, la musique de la radio couvre les bruits en provenance du lieu du crime. La leçon de cinéma tient dans la juxtapos
Critique
Face à Scarface
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par Isabelle POTEL
publié le 24 janvier 2001 à 22h08
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