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Libération
Critique

Hôtel des Amériques

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Ciné Cinémas 2, 23 h 10.
publié le 26 janvier 2001 à 22h12

La paranoïa sentimentale, c'est un drôle de truc. On navigue entre jalousie, fantasmes, hallucinations, dans une inépuisable cathédrale intérieure dévastée. Le maître du genre, c'est Buñuel. Dans El ou la Vie criminelle d'Archibald de la Cruz, il s'y livre avec fureur, sans aucune retenue. Dans la vraie vie, un seul regard innocent de sa femme pouvait le mettre en transes, au bord du délire. André Téchiné n'est pas spécialement buñuelien, il n'a ni la patience d'entomologiste de l'auteur de Belle de jour, ni cette paranoïa schizoïde qui était capable de l'emporter, lui ou ses personnages, dans des abîmes de passion morbide. Téchiné serait plutôt sérieux, brechtien, romantique, rococo. Une fois, pourtant, dans son film le plus étrange, Hôtel des Amériques, il a laissé ses maniérismes au vestiaire pour se perdre dans un scénario presque buñuelien, court-circuité par de sombres pressentiments amoureux. Projet à la fois provincial et hollywoodien, d'un pessimisme flamboyant, Hôtel des Amériques explore la face sombre et mélodramatique d'un cinéaste davantage porté à l'impressionnisme naturaliste, avec des élans vieille fille dont raffole son public fidèle.

Côté casting, le film démarre en quatrième vitesse avec l'un des couples les plus atypiques du cinéma français, Catherine Deneuve et Patrick Dewaere. Tourné en 1981, cinq ans après les détours chichiteux et narcissiques de Barocco, Hôtel des Amériques a la sécheresse des premiers Pialat (Nous ne vieillirons pas ensemble) et l'é