Initialement, Arte avait prévu ce soir de rediffuser le dernier épisode de la remarquable série documentaire Série noire au Crédit Lyonnais, de Jean-Michel Meurice et Fabrizio Calvi. D'une affaire d'Etat à l'autre, la chaîne franco-allemande a finalement décidé, «en raison de l'actualité», de le remplacer par Elf, une Afrique sous influence, un non moins remarquable documentaire des mêmes auteurs, déjà diffusé en avril dernier. Même s'il n'est pas question ici de ventes de frégates à Taiwan, on retrouve dans ce film dense et captivant deux des prévenus du procès «Dumas-Elf»: Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG de la multinationale pétrolière, et, surtout, André Tarallo. Dans son témoignage, l'ex-monsieur Afrique d'Elf raconte à mots couverts comment le groupe a tissé sa toile de derricks en Afrique de l'Ouest: en confondant les intérêts de l'entreprise avec ceux de l'Etat. Au lendemain de l'indépendance, Elf a en effet été conçu comme le bras armé du néo-colonialisme français. Les moyens utilisés sont patiemment décryptés au travers des exemples angolais, gabonais et congolais: ils vont de la protection conditionnelle des régimes en place à la pression économique (les recettes de l'or noir assurent souvent la moitié des revenus de l'Etat), sans oublier les circuits financiers occultes par lesquels des chefs d'Etat deviennent les obligés d'Elf en s'enrichissant sur le dos de leur pays. Que ce soit sous de Gaulle ou Mitterrand et avec leur bénédiction, Elf a également fonctionné
Critique
Elf en Afrique conquise
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par Samuel DOUHAIRE
publié le 9 février 2001 à 22h46
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