Un camion de déménagement stationne devant l'Evénement, à deux pas de la place de la République. Au troisième étage, l'entrée est encombrée de cartons. Mais les déménageurs tournent en rond : le personnel du journal refuse que les ordinateurs soient embarqués vers un garde-meubles. Après discussion, les vingt-cinq salariés obtiennent gain de cause : les machines resteront là encore quelques jours, sous la garde de vigiles. Le temps pour les journalistes et les documentalistes de sauvegarder leurs disques durs.
Existence tumultueuse. Un simple baroud d'honneur. La cause est entendue depuis que Poligrafici Editoriale, propriétaire de France-Soir, a confirmé, mercredi, la fermeture de l'hebdomadaire, racheté par le quotidien en juillet. Pour l'Evénement, c'est vraiment la fin, après dix-sept ans d'une existence tumultueuse. Sauf surprise, le numéro de demain sera le dernier.
Dans son bureau à Marianne, deux étages plus haut, Jean-François Kahn songe peut-être à cette année 1984 où, après une souscription publique, il créait l'Evénement du jeudi. Une belle aventure. Des titres accrocheurs («Les cons», «Les mecs bien», «Les femmes qui en ont»), des dossiers mis en scène comme des films à suspense, un ton moins compassé que la concurrence : les ventes grimpent très vite. Mais la recette finit par s'user. Et Kahn se disperse. Il achète un cinéma et un restaurant rue Christine, investit à gauche et à droite. Jusqu'à ce que la sanction tombe, en 1994 : dépôt de bilan.
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