«Je me souviens des premiers reportages que j'ai commandés sur Johnny Hallyday. On me rapportait des communiqués lisses, concoctés par ses agents. Bon sang ! Johnny a dû ferrailler, se défoncer pour vaincre l'adversité. Et c'est cela que j'avais envie de savoir. Et mes lecteurs aussi.» C'était à la fin des années 50. Bill Higgins venait de prendre la tête de France-Dimanche. Et s'apprêtait à propulser l'hebdomadaire jusqu'à 2 millions d'exemplaires. Autre époque. Aujourd'hui dans le giron de Hachette Filipacchi Médias (HFM), France-Dimanche, qui fêtera en août ses 55 ans, vend dans les 550 000 exemplaires. Qui se souvient encore que ce titre a été le premier heddo people, des décennies avant les Voici et Gala ? Et qui peut citer le nom de Bill Higgins ?
Passion. Agé de 84 ans, retiré à Etampes, l'homme nourrit pourtant toujours la même passion pour la presse. Mais remâche sa rancoeur, lui, l'oublié de l'histoire de la presse populaire. Le grand bourgeois franco-britannique, quasi inconnu du grand public, tire encore sur tout ce qui bouge («La presse populaire ? Mais il n'y en a pas vraiment en France. Celle qui prétend boxer dans ce créneau n'est qu'une pâle copie de ce que j'ai créé.») et même sur ceux qui ne sont plus. Vouant notamment une haine implacable à Pierre Lazareff, l'ancien patron de France-Soir et, dans les années 50-60, du groupe Franpar, l'un des plus puissants de l'après-guerre. «Il a eu le culot de raconter qu'il avait fait France-Dimanche, dénonce-t-il. En f