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Libération

Une époque

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publié le 19 février 2001 à 23h00

C'est l'heure de la pub, la femme se penche sur ses invitées. Elle est une sorte de coach, le chewing-gum en guise d'assurance. «Toi, tu dois parler! Et, toi, tu dois lui crier dessus.» Ensuite, la belle retourne dans sa régie. L'émission reprend. Sur le plateau, ça hurle déjà. Plus loin, la même nous dit: «Ce que j'aime avec les talk-shows, c'est qu'on fait des choses concrètes avec des gens concrets.» La suite? Le documentaire Crime cathodique (France 3) la raconte. Nous sommes au temps béni des émissions-parlottes américaines, au milieu de nulle part (années 90). Les animateurs ont le brushing impeccable et la conscience qui va avec. Ils jurent carburer à l'honnêteté, à la confiance, «nous essayons d'aider les gens», l'un d'eux a cette formule: «Je suis comme un ambulancier» (ce qui revient à dire ce que nous sommes, nous: des blessés, des bientôt morts). Nos souvenirs d'ici remontent, pas si lointains. Nos Pradeleries d'antan, et Morandini, et... Mais Crime cathodique, c'est un cran au-dessus. C'est la télévision dans sa brutalité, les émissions sans rémission, le spectacle total. Les trucages, les invités que l'on fait boire, que l'on rémunère, ceux qui se font passer pour un autre avec la complicité des producteurs, tout y passe. Jusqu'au meurtre de Scott par John, après l'un de ces talk-shows qui rendaient moins ennuyeux les après-midis de millions d'assoupis. John n'avait pas supporté que Scott, un homo de ses voisins, lui déclare sa flamme. Et il l'a tué. Comme de j