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Libération
Critique

Capitaine sans peur

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TCM, 15 h 20
publié le 20 février 2001 à 23h04

Ne pas céder. Ne pas avouer. Pas pour entretenir le mystère à tout prix, simplement parce qu'il y a des choses qui ne se disent pas. Pourquoi expliquer absolument, par exemple, que ce qui fait le prix de certains films d'aventures maritimes, ceux de Raoul Walsh avec Rock Hudson ou même avec Gregory Peck, ne se monnaye pas? Dans Capitaine sans peur, Walsh atteint des sommets de lyrisme et d'ambiguïté qu'on ne trouve que dans les meilleurs romans de Stevenson, le Maître de Ballantrae par exemple. La médiocrité du jeu de Gregory Peck, sa bêtise inexpressive, Walsh la métamorphose en minimalisme presque outrancier, un truc jamais vu au cinéma et qu'on ne reverra sans doute jamais, maintenant que l'intelligence (des acteurs, des directeurs d'acteurs, des critiques) a remplacé l'insondable bêtise des Gregory Peck, des Rock Hudson, des James Stewart, tous ces beaux garçons sans cervelle dans la cervelle desquels il faisait bon projeter des sentiments humains, amoureux, aventureux ­ et même un rayon d'intelligence quelquefois, rien que pour voir si ça pouvait marcher.

Il faut dire que 1951, pour Raoul Walsh, c'est une année pas comme les autres. A peine sorti de la Fille du désert et de L'enfer est à lui, le plus épileptique de ses films, Walsh boucle coup sur coup, en une seule année, le Désert de la peur, les Aventures du capitaine Wyatt, la Femme à abattre et ce Capitaine sans peur qui mêle l'aventure et l'amour avec la flamboyance et la raideur de Griffith père ou de Tourneur fil