Lundi, fallait que ça rentre dans les têtes. Coûte que coûte. Jack Lang avait prévenu, Trenet, c'est la «juvénilité en mouvement». Pas question de ne pas se signer. Un monument, ça ne se discute pas. Ça se contemple, et puis basta. Les JT avaient une drôle d'allure. Narcy d'un côté, et la France en narcisse, la France qui s'aime, la Douce France, même si 910 Kurdes doivent penser autre chose actuellement. De l'autre, Sérillon et la nation flonflon. Sur son prompteur, M.C. Claude lisait de belles tournures et sous sa voix pointait de l'accordéon. La messe du 20 heures comme jamais. Des éditions spéciales en homélies, fallait que ça rentre. Pouce! Aimons-nous tous! Cassons les clivages, gommons les conflits de génération! Trenet est mort, et c'était, paraît-il, «la jeunesse à travers toutes les jeunesses». Sur les plateaux, les mêmes racontaient les mêmes anecdotes, à l'intonation près et à quelques secondes d'intervalles. Comme souvent, en pareil cas, ils parlaient d'eux bien plus que du mort. Quand, donc, les proches de toute vedette sauront-ils se taire quelques jours? Sont-ils si pressés d'enterrer les leurs? Et ça dégoulinait. Et il fallait impérativement que les «jeunes générations», de Bruel (!) aux rappers, soient représentées, côte-côte avec les Salvador, les Aznavour... L'occasion était trop belle. Haro sur l'implacable jeunisme, si cruel ces temps-ci dans le monde radiotélé. Lundi 19 février, la France, c'était ça: des «vieux» qui savouraient leur longévité et des «
Naphtaline et jeunes dentelles
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par David DUFRESNE
publié le 21 février 2001 à 23h05
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