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Libération
Critique

La machine

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publié le 22 février 2001 à 23h06

C'est un monde à part, effrayant, fait de sang et de crimes. Un univers parallèle au tiroir-caisse débordant. Un au-delà qui a ses stars, déjà, et ses soldats inconnus et semi-pros, qui partent au front jour et nuit et qui s'inventent une langue aussi mystérieuse qu'excitante. Ce sont les hardcore-gamers, les gros joueurs de jeux vidéo, les shootés du PC et de la PlayStation. Des ados qui disent: «Si j'arrive à le tuer, je suis content. Si c'est lui qui me tue, je n'irai pas le frapper après.» Des monsieur Jourdain de la prose surréaliste, le franglais en appui: «On ne rushe pas, on prend le contrôle», «Attention, ça snipe!» Ils ont 15 ou 20 ans, parfois plus, souvent moins. De joyeux autistes qui jouent en batterie, petites poules d'élevage d'un quotidien triste. Oui, c'est bien un monde à part, avec ses codes et son esperanto. C'est le rock and roll d'aujourd'hui. Où la souris supplante la guitare électrique. Où le clavier est une arme, la plus sûre pour tenir ses parents à distance et la plus efficace pour se forger sa propre identité. Woodstock est bien mort, ici règne la Virtualité. D'ordinaire, quand la télé en cause, c'est souvent parce que des associations familiales et/ou intégristes crient au complot (une manifestation qui, par ailleurs, constitue généralement un excellent baromètre de ce que le «mal» peut avoir de «bien»...). Mardi, non. Ça se passait dans T'es toi!, sur Canal Jimmy. Avec sa trottinette à moteur et son sourire d'animatrice pleine de joie, Alexandr