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Libération
Critique

Marseille, avec l'accent

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«Voyages, voyages: Marseille». Arte, 19 h.
publié le 22 février 2001 à 23h06

Une digue, au pied de la plage des Catalans. Comme une ponctuation dans la ville, un temps pour faire le point. Où sommes-nous? «Un petit bout de Naples, une parcelle d'Alger, un coin d'Athènes, de New York, et la mer...» Oubliez les comparaisons: appelez-la Marseille, tout court. Ne comptez pas sur les ruines antiques, coincées dans les jardins d'un centre commercial, pour conter son histoire. Là-bas, on vit en 2601, «si on calcule l'âge de la cité depuis sa fondation par les Grecs». Ne cherchez pas Pagnol aux terrasses des cafés. Là-bas, on croise plutôt Kimbo, champion de boxe, ancien Parisien «né une seconde fois à Marseille». Charles Castella, le réalisateur, l'a compris: tenter de résumer Marseille, c'est s'assurer que Marseille nous glisse entre les doigts. Alors, il faut s'échapper avec elle, emprunter les chemins détournés, de Callelongue à Saint-Marcel. Ces chemins aux murs bardés de tessons de bouteilles. «Comme à chaque fois, je me demande qui les a bues, toutes ces bouteilles», questionne le réalisateur. Mais miracle, pas de buveurs de pastis, pas de cigales. Tout au plus quelques lézards, ces Marseillais groggy de soleil et de mistral, qui attendent. «A Marseille, les règles changent. L'oisiveté ponctue le rythme de la ville comme les silences d'une partition.»

Des silences essentiels pour regarder la mer, les cygnes blancs sur la crasse de l'étang de Berre, les poules couveuses de balles de golf dans les cités, les voitures surchargées partant pour le Maghreb,