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Libération
Critique

Rendez-vous avec la peur

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Canal + jaune, 23 h 55.
publié le 26 février 2001 à 23h10

Parce que la peur est l'un des sentiments qui fonde le cinéma de Jacques Tourneur, le titre français vaut mieux pour une fois que l'original, Curse of the Demon (ou sa variante gothique, Night of the Demon), appellation trompeuse qui insiste sur la présence physique du diable alors que le scénario n'est précisément qu'un rendez-vous sans cesse différé avec la mort. Tourneur, rappelons-le, découvrit à la sortie de Rendez-vous avec la peur que les producteurs, une fois le film terminé, avaient rajouté à la fin un énorme monstre censé remplir les spectateurs d'effroi, un monstre qui annulait au contraire rétrospectivement tout le travail d'angoisse distillé petit à petit dans des images à la fadeur terrifiante. Il y a trois ou quatre jours, pas plus, on essayait tant bien que mal de rendre compte d'un film dont le sujet était également la terreur, une terreur qui s'abattait sur un même sujet, Dana Andrews: entre Rendez vous avec la peur (1957) et l'Invraisemblable Vérité (1956), deux films limites, chefs-d'oeuvre de rigueur et d'implacabilité, il n'y a que quelques mois et beaucoup moins d'écarts thématiques, stylistiques ou moraux qu'on n'imagine.

Tourneur, Lang, même combat? Films crépusculaires, en pilotage automatique vers la mort ou l'enfer, une mort douce, un enfer paisible. Acteur fétiche de Dwan, Renoir, Lang, Tourneur (et surtout Preminger, qui en fait une icône d'onirisme masturbatoire dans Laura et Mark Dixon détective), Dana Andrews s'identifie de plus en plus, l'âge