«Pour jouer en Italie, il faut avoir le germe de la folie», déclare un dirigeant azuréen en préambule du documentaire que Planète consacre à une des anomalies sportives de la péninsule: le rugby. Ce film de Christophe Vindis montre habilement, quand il ne percute pas des portes ouvertes, comment le rugby italien eut beaucoup de difficultés à se relever de sa naissance fasciste (promu par Mussolini en 1927-1928), avant de devenir un sport urbain et élitaire, puis régional et finalement confidentiel. Plus qu'une folie, il faut avoir une solide propension à supporter l'humiliation dans ce pays où 30 millions de gens ne vivent qu'au rythme du foot. Et il n'y a plus guère que des Ecossais en déroute (battus l'an dernier à Rome) ou les Bleus de Bernard Laporte pour ne pas infliger une leçon en Latium.
Même si Brad Johnston, ancien pilier néo-zélandais qui entraîne l'Italie, croit au potentiel de ses joueurs, il ressort visiblement frustré par l'esprit transalpin: «Traverser le terrain en Italie ne se fait jamais par la trajectoire la plus directe, il faut sans cesse procéder par détours.» Filmé au ras de la moustache, Christian Lanta, actuel entraîneur du SU Agen, raconte comment il a pu travailler dans le seul club qui se soit doté, en Italie, de structures professionnelles, celui de Benetton à Trévise. Mais la popularité du rugby en Italie se résume plus sûrement à l'aune de Silvio Berlusconi, qui a très rapidement cessé d'investir à l'Amatori de Milan, au profit des footeux du M