Foutu canapé. Faut toujours qu'il gagne. On se retrouve allongé, les pieds dehors, la tête sur l'accoudoir ou, plus terrible, la tête à l'envers. Et on se demande chaque soir comment on a bien pu en arriver là, les bras en croix et la cervelle en compote. Le délassement télévisuel est une lutte inégale. Dutronc l'a dit: «La télé, on ne peut pas la regarder. Quand on est debout, on ne la voit pas. Assis, on s'endort.» Lundi, la machine à ronron était pourtant en forme. Il y avait à voir. Où que l'on zappe, la série Abattoir, très en vogue, battait son plein. Partout, des carcasses de vaches folles; partout, de magnifiques bûchers de moutons. Le feu, la peste, la peur, mine de rien, c'est beau. Au JT de TF1, il y avait aussi cette affaire de corbeau qui, vingt-cinq ans durant, a harcelé au téléphone tout un village de Provence. Le reportage était bien ficelé, le mystère jusqu'au bout, qui avait donc pu faire tant de menaces et tant de révélations (cancers, adultères, etc.)? Le médecin du village? Le facteur? Non, le maire (qui nie mais que tout accable). Plus loin, sur 13e Rue, un documentaire faisait le point sur l'impact des vidéos amateurs dans l'information. Bien fait, lui aussi. Rodney King, Vidéo Gag, trash TV («Ce soir, on va filmer les putes», dit une Américaine bien moyenne, gracieusement équipée par une émission spécialisée). A cet instant, le douillet canapé n'incitait vraiment plus à la réflexion et on laissa un sociologue à ses interrogations: «Quelle sera l'étape
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