Pour célébrer la Journée de la femme, il eût été si commode de ressortir des armoires les films sur la condition féminine en Algérie, ou plus symptomatique encore, sur les lapidations en Arabie Saoudite ou en Afghanistan. En choisissant de se transporter à nos portes, juste derrière les Alpes, Planète prend le parti de surprendre en s'intéressant à la condition des ouvrières agricoles de la région des Pouilles, dans le sud de l'Italie, odieuses victimes du «caporalisme». Un système féodal qui contraint les villageoises, entre Brindisi et Tarente, à partir trimer sur les grandes exploitations agricoles, bien souvent à plus de 100 kilomètres de leur turli, maisons élémentaires peintes à la chaux. Avant d'ouvrir la rubrique «Faits divers», la réalisatrice regardait cette campagne sans préjugés. Ceglie était le bourg de son enfance. Mais elle découvre à plusieurs reprises que des femmes, entassées à vingt-deux dans des minibus qui comptent neuf places, meurent régulièrement sur les routes des Pouilles. La faute à qui? A la misère. A ceux qui l'exploitent: les caporaux qui passent contrat avec les propriétaires terriens et affrètent illégalement des convois de paysannes. Tyrans et bienfaiteurs qui permettent malgré tout à ces femmes de faire bouillir la marmite. Au mépris de leur santé elles partent aux champs dès 4 heures du matin, au mépris de cette once de dignité que filme à merveille celle qui aurait pu être des leurs. Et que font les syndicats pour Rosa, Vita, Teresa ou D
Critique
Femmes des Pouilles dépouillées
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par François AUBEL
publié le 8 mars 2001 à 23h56
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