Le socialiste Willy Burgeon, président honoraire du parlement wallon, a décidé de vérifier par lui-même, accompagné d'une délégation de parlementaires belges, «ce qui s'est dit dans la presse» sur ce pays mystérieux, la Corée du Nord. Sur place, sous le regard muet des caméras de Strip-tease, il arpente les rues immaculées dans sa Mercedes, photographie minutieusement les monuments et porte des toasts aux dîners officiels. Monsieur Burgeon apprécie le protocole taillé sur mesure pour sa délégation «de très haut niveau», comme il se plaît à le répéter. Perspicace : «Croyez-le de Willy Burgeon, je prends sur moi pour dire que ce qui s'est écrit dans les journaux d'Europe, c'était de la propagande !» Admiratif : «Dans nos pays, que l'on dit démocraties, il y a beaucoup d'enfants qui croupissent, qui meurent dans les rues. Ici, ça n'existe pas. Et ça, je ne l'ai jamais vu ailleurs!» Mais ici, on n'est nulle part ailleurs: on est au pays du matin calme, joujou du dictateur Kim Jong -il, un pays isolé, rongé par la famine. Les images volées en 1998 d'un marché, où des gosses rachitiques fouillent la boue à la recherche de quelques graines, hantent tout ce reportage implacable, comme pour mieux souligner le «très haut niveau» de la délégation. Certes, les autres parlementaires crient au voyage trop organisé, fustigent le culte du «dirigeant bien-aimé de [notre] peuple». Mais comment les disculper quand, au hasard d'un pique-nique, ivres morts, ils entonnent leurs chansons paillarde