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Libération
Critique

Les tableaux vivants du Louvre.

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«Les Visiteurs du Louvre», d'Olivier Horn. La 5e, dimanche, 14 heures.
publié le 10 mars 2001 à 23h57

«Aujourd'hui, les gens qui regardent les tableaux m'étonnent beaucoup plus que les tableaux. Si je vais au Louvre, je ne peux pas résister à regarder les gens qui regardent les oeuvres d'art», écrivait Giacometti qui savait ce que regarder veut dire. Olivier Horn, qui sait ce que tenir une caméra veut dire, a repris à son compte l'idée de l'artiste. Il s'est posé dans les salles du Louvre les plus fréquentées (au hit-parade, toujours, la Joconde, la Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace) et les autres. Il a filmé ces pèlerins, Etats-Uniens en grand nombre, Japonais, bien sûr ­ ah, la Joconde saisie sur l'écran d'une caméra digitale ! ­, peu d'Africains. «C'est l'état économique du monde qui se révèle ici sans équivoque», note-t-il judicieusement. Dans ce «temple», les amoureux s'embrassent, une extravagante à chapeau attire autant les regards que les statues de Michel-Ange, une grand-mère parle à son petit-fils de cet homme que Jésus (sic) a voulu sauver en l'embarquant sur un navire ­ «Ah oui, Noé.» Des gamins débarquent de Grigny-la Grande-Borne, en banlieue parisienne, guidés par un sculpteur avec qui ils ont entrepris de rénover artistiquement leur maison de quartier. La caméra les suit avec une curiosité douce, seulement guidée par cette question : quel est le pouvoir de ces oeuvres d'art et quel pouvoir leur attribuons-nous ? «Oh là, là, c'est mystique...», souffle un gamin de Grigny devant les antiquités égyptiennes. Mystique, peut-être pas, mystérieux, à coup sû