Tu as lu le papier de Skorecki sur Colorado, le western gauchiste de Sollima?
Tu veux rire? Ce con écrit les mêmes trucs depuis vingt-cinq ans. Il avait déjà fait le coup du soixante-huitard sentimental avec un autre western spaghetti, El Chuncho. Il aurait dû abandonner sa chronique au début du siècle au lieu de s'accrocher comme une sangsue. On est quand même en 2021, merde.
Tu veux que je te dise, même sur El Chuncho, à l'époque, il était pas fichu de livrer une analyse un tant soit peu marxiste du substrat idéologique qui sous-tend l'oeuvre de Sollima.
A côté de Daney, il tient pas le coup, Skorecki. D'ailleurs, corrige-moi si je me trompe, c'est pas dans le 73e volume des OEuvres complètes, celui qui est paru en 2017, avec les versions longues de ses textes des années Cahiers, que Daney donne une appréciation fulgurante de la différence d'affect prolétarien entre Leone et Sollima?
Absolument. Tu vois, dans le tome 1, la Maison et le monde (POL), il n'y avait que trois ou quatre lignes, pas plus, disant que Sollima était plus intéressant que Leone, mais elles avaient une élégance drastique que Skorecki n'a jamais eue. Ce type est pas fichu de pondre un concept. Des mots, des mots.
De la branlette, tu veux dire, de la poésie, du vent. Tu vois, même dans les oeuvres croisées de Billard père et fils, il y a une approche plus consistante de la thématique du spaghetti et des conditions de développement particulières du western et du péplum en Italie, Frodon prolongeant