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Libération
Critique

Morand express.

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«Paul Morand: la traversée du siècle». Arte, 21 h 50.
publié le 13 mars 2001 à 0h01

Pas plus de 15 minutes d'écoulées et on est piégé! On le trouve insupportable, snob à l'excès, réactionnaire. On apprend que le tirage de son très polémique Journal inutile, (éd. Gallimard, lire Libération du 1er mars), 5 000 exemplaires, a été épuisé en deux semaines, on s'étonne. On s'agace: Morand, ça marche encore! On regarde le vieil oncle Morand parler, dans cet entretien inédit réalisé par Pierre-André Boutang en 1971, et on finit par l'écouter avec ce plaisir de voir dévoilée une vie de plaisirs. On continue de le trouver hautain; une voix susurre en nous qu'il s'agit peut-être de cette hauteur dont parlait aussi Montherlant. Pas tout à fait un défaut. Les photographies classées par le bonhomme à la fin de sa vie livrent une existence de jeune mondain des années 20, les folies, les amis, Cocteau, Erik Satie, Max Jacob... Et Proust, jeune homme au souffle court. Hélène, bien sûr, sa femme, antisémite notoire. Comme lui. Plus tard, Vichy, tiens, Jean Jardin, étonnant nain jaune. Sollers, Déon, Nourrissier, filmés aujourd'hui, parlent d'un génie, égal de Céline. Vrai qu'il fut l'un des rares à écrire la modernité de son époque. Pas seulement dans l'Homme pressé. Pas simplement dans Ouvert la nuit, fermé le jour. Tenez, Venises... Une photographie le montre en jeune gymnaste. Quelques minutes avant, il avait lâché un aveu, le choc que fut la lecture de Schopenhauer, l'influence de son père. Et hop, il saute déjà vers autre chose. Haute voltige un tantinet exaspérante. Fa