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Libération
Critique

La Prisonnière du désert.

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Cinétoile, 0 h 40.
publié le 14 mars 2001 à 0h02

Formidable leçon de cinéma aujourd'hui pour qui veut sauter intelligemment d'une époque à une autre, d'un cinéma à un autre. Un peu plus de dix ans, pas plus, entre la Prisonnière du désert, l'un des westerns-cultes de John Ford, et Colorado, merveille spaghetti mineure de Sergio Sollima (20 h 40, Canal +Bleu). On n'insistera pas sur le célèbre gruissement de Tomas Milian, cette curieuse élocution américano-italiano-cubaine de l'acteur fétiche de Sollima, héros de sa légendaire trilogie spaghetti (le Dernier Face-à-Face, Colorado, Saludos Hombre), un concept underground qu'on doit à Serge Daney. De Daney, on citera plutôt ce joli passage de la Maison et le monde (POL) dans lequel il définit bien les différences essentielles entre le western hollywoodien et les films de Leone ou Sollima, à savoir «tantôt montrer ce que le western classique occultait, tantôt exagérer ce qu'il montrait».

En 1956, chez Ford, on n'en est pas encore là. Ni le Sollima de 1967 ni les émeutes étudiantes du monde occidental de 1968 ne montrent le bout de leur nez. Tout est calme, résolument calme. Les valeurs fordiennes, les hommes tranquilles, le courage stoïque, l'abnégation, l'amour des médailles et des uniformes, la haine frontale des étrangers, des Indiens, des sauvages qui violent nos femmes et enlèvent nos filles pour en faire des squaws irrécupérables, ces valeurs-là vont leur chemin tandis que le soleil se couche sur des cactus élégants et des porches arides. Jusqu'au bout de ce film à la séch