Cela commence par un visage dont les yeux, souriants, écoutent. L'un de ces visages où les sages disent que se lit la marche du temps. Martine Ruszniewski est psychanalyste dans l'unité mobile d'accompagnement et de soins palliatifs, dirigée par le Dr Desfossés. Composée d'un autre médecin, d'une secrétaire, de quatre infirmières, cette équipe volante intervient dans les services de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière. Gil Rabier et Nils Tavernier ont suivi son travail auprès des patients en fin de vie. Leur documentaire, modèle d'honnêteté, de pudeur, d'intelligence, devrait être diffusé d'urgence aux étudiants en médecine qui, en sixième année, bénéficient d'une misérable heure de cours sur les relations médecin-malade. Les deux réalisateurs ne montrent jamais les visages des patients. Une cheville, une voix presque inaudible disent mieux ce qu'est cette souffrance que l'unité prend en charge. Incalculable, immense. Comme celle de cette femme, qui arrive à l'hôpital après avoir passé un an assise dans son lit, envahie par une douleur constante. Trois jours d'écoute, de mise au point du traitement, sa souffrance s'atténue. A l'heure où la médecine est fondée sur l'analyse objective des données, cette douleur, éminemment subjective, déconcerte les soignants, comme en témoigne Simone Beyan, infirmière de l'unité, qui parle de «la difficulté d'accepter que chacun va vivre ça à sa manière, et quoi qu'il fasse il fait du mieux qu'il peut...», et évoque les parasitages du
Critique
Avec le plus grand soin.
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par Sophie ROSTAIN
publié le 15 mars 2001 à 0h03
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