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Libération
Critique

Les Fleurs de Shanghai

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Cinéfaz, dimanche, 2 h 10.
publié le 17 mars 2001 à 0h04

Les Fleurs de Shanghai est une oeuvre radicale que l'on a envie de défendre radicalement. En écrivant d'abord qu'elle donne à vivre à son spectateur une expérience hors du commun. Le film du Taïwanais Hou Hsiao-hsien est composé en tout et pour tout d'une quarantaine de longs plans séquence séparés par des fondus au noir. L'action (ou plutôt la non-action) se déroule dans des maisons closes très raffinées de Shanghai, à la fin du XIXe siècle. On y voit des courtisanes et de riches Chinois manger, boire, fumer de l'opium et surtout parler. D'affaires de coeur et d'argent.

S'il n'est pas au supplice (cela peut se concevoir), le spectateur vit un délice. Le parti pris formel de Hou Hsiao-hsien y est pour beaucoup, mais il ne se suffit évidemment pas à lui-même. Pas plus que ces histoires complexes entre les courtisanes et leurs clients (trop exotiques pour qu'elles nous concernent vraiment) ne parviennent seules à expliquer le plaisir intense que l'on éprouve. C'est surtout qu'il se produit une rencontre miraculeuse entre le fond et la forme. Le premier plan séquence est comme un pacte de confiance mutuel. Y souscrire, c'est commencer une singulière aventure: le cinéaste nous épargnera les artifices classiques du cinéma et nous lui apporterons notre complicité. Nous prendrions dès lors comme une insulte le moindre champ/contrechamp ou le moindre plan de coupe.

Pour autant, Hou Hsiao-hsien ne nous balance pas du théâtre filmé. La caméra bouge, lentement certes, mais résolument, im