En 1995, Paris-Match publie la photo d'une femme victime de l'attentat du métro Saint-Michel. On la voit de dos, la robe déchirée. La victime porte plainte contre l'hebdomadaire. Décembre 1998: la cour d'appel de Paris reconnaît comme «légitime» le compte rendu de l'événement, mais donne raison à la victime: la protection du droit à l'image exigeait qu'elle ne soit pas identifiable. Février 2000: la Cour de cassation juge que la photo ne portait pas atteinte à la dignité de la personne représentée.
En 1998, le même magazine publie la photo du préfet Claude Erignac gisant sur la chaussée d'une rue d'Ajaccio, dans les instants qui ont suivi son assassinat. Sa famille porte plainte. En cette même année, la cour d'appel de Paris exige de Paris-Match qu'il publie un communiqué au nom de l'atteinte portée à l'intimité de la vie privée. Décembre dernier: la Cour de cassation rejette le pourvoi de l'hebdomadaire, qui a, selon le jugement, porté atteinte aux sentiments d'affliction de la famille. Un coup on perd, un coup on gagne?
Exemples aberrants. «Et la liberté d'informer? L'assassinat du préfet Erignac est un événement très important, dont il est normal de rendre compte», estime Pascale Marie, directrice du Syndicat de la presse magazine et d'information (SPMI) et membre de l'Observatoire de l'image, qui organise aujourd'hui un débat intitulé: «Photographie, flou juridique, flou artistique» (1). Formulation un tantinet provocatrice. A dessein, tant ledit observatoire, créé voilà u