Balthasar Klossowski de Rola est mort voici un mois, à quelques heures de distance de Charles Trenet. Et si nous eûmes droit à un déluge d'images de celui-ci, de celui-là, nous ne goûtâmes pas grand-chose. La 5e, le dimanche suivant, rendit son hommage à celui qui, artisan avant tout, se cachait. Et ce soir, voici un ultime zoom, plus intime, réalisé l'an passé. Aux commandes, Harumi, sa fille, et Setsuko, sa femme, que l'on se pardonne vite de trouver délicieuse dans son kimono. Au vrai, il faut se pardonner beaucoup au cours de ce voyage sans plan de route établi. Par exemple, de trouver l'homme de 92 ans beau. Très beau. C'est un piège, l'artiste vieux. Sauf que Balthus refusait qu'on le dise artiste. D'ailleurs, à la question, belle de naïveté, de sa fille: «Que penses-tu de ce que tu as fait jusqu'à maintenant ?», il murmure: «Je crois que je ne peux pas répondre à cette question.» L'essentiel est ailleurs, dans son regard, que l'on ne qualifie pas, bien sûr. Mieux vaut le regarder de dos, face à la campagne italienne. Le regarder voir...
Donc, la famille Klossowski cause, dans cet immense chalet suisse, grâce à la vente d'un nu assoupi, de deux nus, d'un paysage et du peintre et son modèle. On parle d'Artaud, bien sûr, qui le sauva un jour du suicide. De Baladine, sa mère, qui se sépara de son père pour vivre avec un jeune écrivain allemand prénommé Rainer Maria... Rilke devient le précepteur du jeune Balthasar, qui sait qu'il veut peindre. Il part pour l'Italie, Floren