Dans le studio, la pagaille. Des gens qui grouillent de partout, des cigarettes, des rires, des gobelets, des Caméscopes qui s'entre-filment. A l'antenne, une voix lâche: «Sincèrement, je ne sais même pas qui sont ces gens.» Mardi, 20 h 31, une télé libre est née. Le cafouillage est total, et pas sûr qu'il soit involontaire. Des instants de noir complet, des micros usés, des zooms en rafale et un réalisateur qui rit déjà: «Je vais être viré.» Ça s'appelle Zaléa TV. Avant, la chaîne était pirate. Aujourd'hui, elle est autorisée. Pour un temps, du moins (1). A l'écran, on nous fait le tour du locataire. Zaléa n'a pas un sou, tout est à la débrouille, au système D, aux économies de bouts de câble. «Une entreprise nous héberge», poursuit l'homme, hilare (au bout d'une heure, quelqu'un aura la chouette idée de nous indiquer son nom: Michel Fizbin, pionnier des radios libres). Le téléphone sonne. Un ménager de moins de 50 ans capte mal Zaléa. «T'as une antenne collective? Va chercher la notice! T'es à Ivry? Putain, Ivry, ils captent pas... Ivry, c'est toujours communiste?» Une caméra s'attarde sur un fax du ministère de la Jeunesse et des Sports. Marie-George Buffet s'excuse. Elle ne pourra pas venir à l'inauguration de la chaîne. «Nous, on ne comprend pas, dit Fizbin. On ne l'avait pas invitée.» Voilà, c'est Zaléa. La télé bricole garantie sans pub ni maquillage. Pour l'instant, c'est bavard. Des anciens de la radio Carbone 14 viennent raconter leurs exploits vieux de vingt ans.
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