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Libération
Critique

Ange qui peut.

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«Un ange en danger». Arte, 20 h 45.
par
publié le 23 mars 2001 à 0h10

Alors, une petite tournée du côté des «bleus», qui ramènent les SDF à Nanterre? On pourrait croire, en regardant les premières images du téléfilm de Nicolas Klotz, que nous sommes partis pour une virée avec les travailleurs sociaux, comme cela a déjà été fait sur les patrouilles de nuit ou les pompiers. Nous entrons en fait dans une nouvelle dimension, le monde de l'exclusion vu du dedans. Un ange en danger, primé au festival de cinéma de San Sebastian, relève d'une très grande justesse dans les situations, dans l'oubli des corps, dans la complicité des couples de galère qui se forment entre mecs, qui se perdent, se retrouvent, qui sont les seuls à se connaître réellement, qui se font des crasses et se relèvent aussitôt. La vérité brute de la réalité est tellement saisissante que la fiction frôle de très près le documentaire. Les acteurs, pour la plupart non professionnels, ont le teint buriné de ceux qui ont trop souvent bu, le regard vague de ceux qui ont beaucoup galéré, les pieds déchiquetés de ceux qui n'ont jamais quitté leurs chaussures. Cyril Troley, comédien pour l'occasion mais pas SDF, joue avec une authenticité incroyable Victor, un jeune ange de dix-huit ans qui déchoit au rang de paria aux côtés de Gérald Thomassin (césar du meilleur espoir en 1991). Un site Internet (www.arte-tv.com), créé pour l'occasion et intitulé Asile de nuit, «offre l'hospitalité à la pensée, à la parole et aux images» sur l'exclusion. Il restera en ligne jusqu'à la sortie en salles de l