Les images ont été tournées à l'ouverture du procès. Depuis, elles reviennent en boucle, toujours les mêmes, toujours Guy Georges pénétrant dans le box des accusés. Un pas, deux pas, un gendarme qui le retient par sa veste de laine grise. Puis Guy Georges qui s'assied, se relève, retire son gilet, sourit à ses avocats, et regarde la salle, comble. Toute la semaine, ce fut la même scène, à 13 h, à 20 h, à 23 h, sous toutes les coutures, au ralenti parfois. D'un côté, le tueur en série présumé. De l'autre, la télé qui se répète, image après image, chaîne après chaîne. Il est enfin là, face à nous. Ce «tueur de l'Est parisien» accusé de sept meurtres, d'une tentative, d'un viol et de deux agressions. Depuis une bonne décennie, les serial killers sont devenus un commerce en soi. Des films, des livres, des théories, c'est la profusion. Pour certains criminologues, le tueur en série serait un meurtrier moderne, à l'image de la société occidentale: une société industrielle, une société du record et de l'exploit. Pas pour rien que cette folie nous vient d'Amérique... Mais voilà. Quand il faut faire face à la réalité, et aux résumés télés du procès de Guy Georges, toutes ces complaisances sont balayées. Oliver Stone, les profilers, on oublie. Et la gêne nous saisit. Guy Georges, cet homme au visage émacié, aux traits fins, ce métis aux épaules larges et aux cheveux rasés, n'a pas le visage qu'on lui prêtait. On se souvenait de ses photos d'identité judiciaire, juste après son arresta
Dans la même rubrique