L'idée était gonflée: parler de notre monde tel qu'il va, une carte à la main. Une carte de géographie s'entend, dans un pays où la géographie n'est pas aimée (nous avons tous dans un coin de notre tête un souvenir d'interro d'histoire-géo avec un fond de carte désespérément vierge «Putain, les gisements pétrolifères en Chine, ils sont où?»). Le Dessous des cartes a été lancé il y a dix ans par Jean-Christophe Victor, aidé de Laurence Capitaine, Frank Tétart et Virginie Raison. Cinq cents émissions plus tard, le spectateur a pu comprendre un peu mieux le monde, de l'Allemagne réunifiée au Rwanda, en passant par l'ex-Yougoslavie. Au total, 40 000 cartes, une centaine de pays radiographiés en appliquant une série de postulats simples que Jean-Christophe Victor rappelle dans cette émission anniversaire. Partant donc d'une «simple» carte de géographie, l'émission nous aura appris à voir au-delà des images. Exemple, le conflit somalien qui s'éclaire quand on analyse le lent dévoiement du système clanique. Autre exemple, la guerre dans l'ex-Yougoslavie. Une simple superposition permet d'apprendre que les frontières entre la Croatie et la Bosnie reprenaient celles qui séparèrent pendant trois cents ans les Empires ottoman et austro-hongrois. Cet éclairage souvent lumineux a cependant évité avec brio le piège de la leçon de morale. Jean-Christophe Victor le rappelle: il lui est arrivé dans ses prospectives de se tromper. Simplement parce que son émission vaut par le questionnement
Critique
Cartes sur table.
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par Sophie ROSTAIN
publié le 24 mars 2001 à 0h10
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