Il ne faut plus qu'il humilie le taureau, mais qu'il le serve. Et surtout, il n'a encore rien prouvé.» Pierre Albaladejo, à l'instar de tous les aficionados, n'a que des mots cinglants envers Jesus Janeiro Bazan, dit Jesulín de Ubrique (son village natal à quelques passes de Cadix). L'idole andalouse qui, depuis dix ans, défraye la chronique people à défaut de resplendir face aux mufles fumants. Le parcours de ce fils d'ouvrier est retracé sans âcreté par la caméra d'Hervé Pernot. Car jamais depuis El Cordobes, le toréador yé-yé, un matador n'a déclenché de telles ardeurs. Avec ce garçon tout en longueur, aux allures de Dominguin, on a pensé que la corrida entrait dans l'ère industrielle. Au vrai, il écornait sans cesse la tradition jusqu'à ce soir fatal pour sa réputation, en 1995. Lorsqu'il organise, à Aranjuez, une corrida réservée aux femmes. Il mesure à l'aune de slogans romantiques («Jesulín, très couillu, des comme toi, on n'en fait plus» ou «Un melon, deux melons, Jesulín t'as de gros roustons») et d'une pluie de petites culottes, sa cote de popularité auprès des Espagnoles. Un événement médiatique que les machos et les fervents d'une Lidia orthodoxe (stratégie de combat dans la corrida moderne) ne lui pardonnent pas. Les dons repérés chez ce novillos, qui reçut l'Alternative à Nîmes en 1990, ont bien failli être étouffés sous la critique. A 27 ans, le matador serait revenu à de meilleurs sentiments. Une réapparition aux arènes vécue par les caciques comme une ultime
Critique
Machistador.
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par François AUBEL
publié le 29 mars 2001 à 0h14
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