Soyons clair et directif, ce soir, pas de discussion, c'est nostalgie. Première hypothèse, vous êtes allé en douce vous salir les yeux devant l'affligeant Belphégor, le film (Libération du 5 avril). Seconde hypothèse, vous avez été sage, mais vous éprouvez une tendance certaine à la nostalgie. Celle de quand vous étiez petit dans les années 60. Dans les deux cas, direction Belphégor, le feuilleton, et fissa. Quand vous étiez petit, les téléphones à cadran étaient en bakélite noir (blanc chez les gens chic), le Président c'était de Gaulle (plus pour longtemps), les voitures de flic, la télé et les blouses d'écolier étaient en noir et blanc, le Louvre itou, qui n'avait pas encore de pyramide, et Montmartre était encore Montmartre (plus pour longtemps). Vous n'étiez pas encore avocat brillant, médecin judicieux, flic très flic, cadre très carré. En mars 1965, vous faisiez des maquettes de bateau et le soir venu, une fois par semaine, vous vous blottissiez dans le giron grand-maternel, tétanisé d'angoisse délicieuse dès les premières notes du générique d'Antoine Duhamel: Belphégor vous avait pris en otage (pour longtemps). On ne rappellera rien ici de l'intrigue. Belphégor, c'est comme le reste, il y a ceux qui savent et les autres. On se contentera de savourer ce dialogue, faussement anodin, entre deux commères montmartroises:
«C'était un homme qui n'était pas bien. Il faisait du pressentiment.
Mais, depuis quand c'est une maladie le pressentiment?
Ma pauv', c'est comme tout