Un beau jour, ou peut-être une nuit, il s'était endormi. L'aigle noir, c'était lui. Seul un aigle noir est assez téméraire pour raconter deux fois la même histoire. Ce jour-là, Raoul Walsh, l'aigle au bandeau noir, décide de refaire High Sierra, un film insurpassable, une tragédie impériale que seuls les Japonais, c'est Walsh qui le disait en août 1963 au futur envoyé spécial de Libération, avaient appréciée parce qu'ils aimaient les films tristes qui finissent mal. Pour l'honneur, pour faire hurler de plaisir une fois de plus les jolies Japonaises, Walsh décide de faire le remake impossible de High Sierra, se contentant de transformer l'arrière-plan policier en décor western. On est en 1949, Joel McCrea remplace Bogart, Virginia Mayo succède à Ida Lupino, ça s'appelle Colorado Territory. Sept ou huit ans après High Sierra, un homme traqué couche son corps meurtri dans une ancienne ville espagnole, occupée un temps par les Indiens, ravagée par un tremblement de terre, la cité de la Lune. Sa fiancée, Virginia Mayo, essaye de lui donner une dernière chance, une chance qu'il n'aura pas, qu'il n'aura jamais.
De Virginia Mayo, on ne dira pas grand-chose. Walsh l'a fait tourner quatre fois, Boetticher, Dwan et Hawks, une fois, ça devrait suffire. De Joel McCrea, on rappellera juste qu'il joue dans le seul bon film de Sam Peckinpah, Coups de feu dans la Sierra. C'était l'un des meilleurs amis de Jacques Tourneur et son acteur favori. Il est dans Wichita et Stranger on Horseback, mai