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Libération
Critique

La Sirène du Mississipi

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Paris Première, 21 heures.
publié le 16 avril 2001 à 0h29

Dans les riches hôtels de l'île de La Réunion, on murmure... «On raconte qu'il n'a jamais vu la demoiselle. Il ne sait même pas à quoi elle ressemble.» Et même quand il la verra, Julie (Catherine Deneuve) n'est pas de celles dont on sait d'emblée à quoi elles ressemblent. Et surtout pas qui elles sont. «C'est difficile de faire connaissance. Même si on s'est dit beaucoup de choses dans nos lettres. Justement parce qu'on s'est dit beaucoup de choses», prédit Louis (Jean-Paul Belmondo). Sous des apparences lisses et classiques en diable, le film de Truffaut (sorti en 1969) cache une série noire glissante, adaptée d'un roman de William Irish (comme la Mariée était en noir, 1967). Sous la joliesse de l'histoire d'amour, la violence de la passion. La mort. «L'adorable» Julie, rencontrée par petite annonce, devient Marion la Diabolique, les orphelines se révèlent prostituées. Catherine Deneuve est impeccable dans ce jeu des faux-semblants, dans ce rôle de femme manipulatrice à la Hitchcock. Toujours un peu lointaine, un peu en retrait, un peu fausse. Sublime ingénue et, quand vient la colère, «ta bouche se tord, elle se met de travers, tu deviens laide... Enfin laide ! D'une laideur effrayante...» Ni vraiment aventurière ni vraiment putain, «juste une sorte de parasite, une souris». Qui tentera d'empoisonner Louis avec de la mort-aux-rats. Mi-Blanche-Neige, mi-sorcière, à la fois l'orpheline des contes et la jeune pensionnaire de maisons de correction adepte des concours de mastur