Une soirée entière pour se pencher sur Marseille, sans les filtres tape-à-l'oeil du Vieux-Port et de Tapie. Première loupe ratée sur les quartiers nord emprisonnés dans la caméra de Bertrand Blier, 1, 2, 3 Soleil évoque la dérive d'une adolescente paumée dans une banlieue paumée. Une jolie fable, certes, mais Marseille est ailleurs.
Il faut attendre le documentaire Baria et le grand mariage pour que la cité se dessine. Baria est d'ici. L'ailleurs, elle ne le connaît qu'à travers les histoires de sa famille, originaire des Comores. Un ailleurs qu'on lui vend comme un conte: un jour, une dame (sa mère) offre un verre d'eau à un jeune homme (Maoulida) qui frappe à sa porte. En échange de ce service, elle lui fait promettre que si, un jour, elle accouche d'une fille, le jeune homme devra épouser l'enfant. Baria est née il y a dix-sept ans et le jeune homme, aujourd'hui âgé de 34 ans, veut tenir sa promesse. Aux Comores, on appelle ça «le grand mariage». Vu d'ici, cette tradition ressemble à une fête. En attendant, Baria suit des cours au lycée, a un petit ami à Paris et, comme toutes les adolescentes, dit qu'elle a «besoin de respirer». Elle rit, minaude, se pomponne. Une jeunesse ordinaire. Jusqu'à ce que l'ailleurs la rattrape: la date du mariage est fixée. Comme lorsqu'on regarde une peinture, il aura fallu qu'elle prenne du recul, qu'elle s'éloigne de Marseille pour distinguer sa différence: Baria ira jusqu'au village natal de ses parents, aux Comores, pour se rendre à la réa